- NIGERIA - Actualité (1990-1996)
- NIGERIA - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique fédérale du NigeriaPolitique intérieureLe 22 avril 1990, des militaires attaquent la résidence du chef de l’État, le général Ibrahim Babangida, au pouvoir depuis le coup d’État d’août 1985. Les putschistes dénoncent la corruption du régime et la mainmise des islamistes du Nord sur les provinces du Sud. L’insurrection fait de nombreuses victimes. Elle est matée en quelques heures. Plusieurs centaines de personnes sont arrêtées. Après des procès expéditifs, 42 d’entre elles sont exécutées le 27 juillet, et 27 le 13 septembre.Le 19 avril 1991, de violentes manifestations, provoquées par des musulmans fondamentalistes, éclatent à Katsina, dans le nord du pays. Environ 200 personnes sont arrêtées. Du 22 au 24, des musulmans fondamentalistes attaquent des chrétiens à Bauchi, autre ville du Nord. Les massacres font plus de 200 morts.Le 4 juillet 1992, les Nigérians élisent leur Parlement en vue de la restitution du pouvoir aux civils, promise pour janvier 1993 par le général Babangida. Le système électoral n’autorise que 2 partis, organisés et financés par le gouvernement. Le Parti social-démocrate (P.S.D., centre gauche) de Babagana Kingibe obtient la majorité absolue dans les 2 assemblées, avec 52 sièges sur 89 au Sénat et 314 sur 589 à la Chambre des représentants, contre respectivement 37 et 275 élus pour la Convention nationale républicaine (C.N.R., centre droit). Le pouvoir annonce que l’installation du Parlement ne peut avoir lieu avant la prestation de serment d’un président civil.En décembre, le général Babangida nomme un Conseil national de transition, dirigé par un civil, Ernest Shonekan.Le 12 juin 1993 se déroule l’élection présidentielle. Les 2 candidats, de riches hommes d’affaires, sont Moshood Abiola, pour le P.S.D., et Bashir Tofa, pour la C.N.R. Le 14, la commission électorale publie les premiers résultats, favorables à Moshood Abiola. Le 23, la junte militaire annule l’élection. La victoire annoncée d’un sudiste d’origine yorouba aurait mis fin à l’hégémonie nordiste des Haoussa. Le 24, Moshood Abiola se proclame président et appelle à la désobéissance civile.Le 31 juillet, le général Babangida annonce son intention de mettre en place un gouvernement intérimaire d’union nationale, dirigé par un civil. Du 12 au 14 août se déroule avec succès et dans le calme une campagne de désobéissance civile, à l’appel de l’opposition. Le 26, le général Babangida remet ses fonctions de chef de l’État et de commandant en chef des forces armées à Ernest Shonekan.Le 2 novembre, les partisans d’Ernest Shonekan obtiennent le renversement du président du Sénat Iyorchia Ayu, favorable à Moshood Abiola. Le 10, la Haute Cour de justice de Lagos déclare illégal le gouvernement d’Ernest Shonekan, affirmant que, en cas de vacance présidentielle, c’est le président du Sénat qui doit assurer l’intérim dans l’attente d’une nouvelle élection présidentielle. Le 17, au troisième jour d’une grève générale provoquée par une forte hausse du prix des carburants, Ernest Shonekan annonce sa démission sous la pression de l’armée. Le ministre de la Défense, le général Sani Abacha, se proclame chef de l’État et commandant en chef des forces armées. Le 18, il annonce la dissolution de toutes les instances démocratiques. Les partis politiques sont interdits. Le 21, les syndicats mettent fin à la grève générale, après la décision du gouvernement de réduire de 40 p. 100 l’augmentation du prix de l’essence. Le 23, le général Abacha nomme un Conseil provisoire de gouvernement dont fait partie Babagana Kingibe, colistier de Moshood Abiola, parmi une majorité de militaires. Le 27 est annoncée la mise à la retraite de 17 officiers parmi les fidèles du général Babangida.Le 1er juin 1994, des manifestations se déroulent à Lagos à l’appel de l’opposition rassemblée au sein de la Coalition démocratique nationale qui avait donné jusqu’au 31 mai à la junte pour céder le pouvoir à Moshood Abiola.Le 11, la veille du premier anniversaire de l’élection présidentielle annulée par les militaires, Moshood Abiola se proclame président de la République et commandant en chef des forces armées. Il est arrêté le 23 pour trahison.Le 27 juin, le général Abacha ouvre, sans aucune légitimité démocratique, la Conférence constitutionnelle qui doit notamment déterminer la date à laquelle les militaires remettront le pouvoir aux civils.Le 4 juillet, les syndicats, notamment ceux du secteur pétrolier, lancent un appel à la grève générale pour obtenir la libération de Moshood Abiola.Le 17 août, le président Abacha ordonne la dissolution des principaux syndicats, dernières organisations démocratiques encore existantes après la dissolution des institutions par les militaires lors de leur prise du pouvoir. Dans le courant du mois, de nombreux dirigeants de l’opposition sont arrêtés.Le 5 septembre, la grève générale prend fin.Le 6 septembre, la junte adopte des mesures qui renforcent ses pouvoirs et restreignent encore les activités de l’opposition.Le 27 septembre, le général Abacha annonce la composition du nouveau Conseil provisoire de gouvernement qui dirige le pays depuis le coup d’État de novembre 1993. Les civils en sont exclus.Le 13 mars 1995, l’ancien président Olusegun Obasanjo est arrêté, tout comme l’avait été son ancien bras droit, le général Shehu Musa Yar’Adua, le 9, pour sa participation à un prétendu coup d’État militaire.Le 20 mars, un remaniement ministériel vient renforcer la position des civils conservateurs et des militaires au sein du gouvernement.Le 25 avril, la Conférence constitutionnelle modifie la Loi fondamentale en supprimant la date prévue pour le retour du pouvoir aux civils, fixée dans un premier temps à janvier 1996.Le 14 juillet, le tribunal militaire chargé de juger les prétendus putschistes de mars condamne notamment les généraux Obasanjo et Yar’Adua. Les peines ne sont pas précisées. Le 1er octobre, sous la pression internationale, le général Abacha accorde sa grâce aux 43 condamnés. Condamné à la prison à perpétuité, l’ancien président Obasanjo voit sa peine ramenée à 15 ans de prison. La peine de mort prononcée à l’encontre du général Yar’Adua est transformée en peine de 25 ans de prison. Le même jour, le chef de la junte présente un calendrier de retour à la démocratie étalé sur 3 ans.Les 30 et 31 octobre, l’écrivain Ken Saro-Wiwa et 8 autres militants du Mouvement pour la survie du peuple ogoni sont condamnés à mort pour leur responsabilité prétendue dans le meurtre de 2 dignitaires ogoni trop conciliants à l’égard de la junte. Le 10 novembre, ils sont exécutés.Vie économiqueEn 1990, le Nigeria, dixième producteur mondial de pétrole, profite largement du renchérissement du prix du baril consécutif à la crise du Golfe.Le 18 janvier 1991, un accord de rééchelonnement de la dette publique est conclu avec le Club de Paris et, le 2 mars, avec les banques créancières, dans le cadre du Club de Londres, pour la restructuration d’une partie de la dette extérieure, conformément au plan Brady.En mai 1992, la pénurie de carburants entraîne de violentes émeutes, soulignant la désorganisation du pays.En 1993, l’activité économique est en recul. Sous la pression du F.M.I., les subventions sur les carburants sont réduites, ce qui conduit à la crise politique.En 1994, l’abandon des réformes économiques annoncées par la junte et le rétablissement du contrôle des changes provoquent le ralentissement des investissements étrangers, notamment en direction de l’industrie pétrolière. L’industrie ne fonctionne plus qu’à 30 p. 100 de sa capacité. L’inflation atteint 100 p. 100.En 1995, l’économie nigériane continue à se dégrader. Les tergiversations du gouvernement au sujet des privatisations ou de la libéralisation des capitaux alimentent le désinvestissement. L’économie du pays ne réside quasiment plus que dans l’industrie pétrolière.L’année 1996 est marquée par la reprise de la croissance, qui est encouragée par la stabilisation de la situation politique et diplomatique. L’inflation, en baisse, est en passe d’être maîtrisée. La politique de rigueur se poursuit, tout comme le programme de privatisation, qui attire nombre d’investisseurs étrangers.Relations internationalesLe 9 avril 1992, le général Ibrahim Babangida, président en exercice de l’O.U.A., reçoit le président sud-africain Frederik De Klerk. Ce dernier exprime le souhait de son pays de devenir membre à part entière de l’O.U.A.En février 1994, un conflit frontalier oppose le Nigeria au Cameroun, à propos de la péninsule de Bakassi, riche en poisson et en hydrocarbures. Après une tentative de médiation du président togolais Eyadéma, le Cameroun porte l’affaire devant la Cour internationale de justice le 29 mars.Le 11 novembre 1995, à la suite de l’exécution de 9 militants de la cause ogoni, les membres du Commonwealth réunis en sommet à Auckland (Nouvelle-Zélande) décident de suspendre le Nigeria jusqu’au retour de la démocratie dans le pays. Si cela ne se produit pas avant 2 ans, le pays sera définitivement exclu de l’organisation. Ces mesures sont sans précédent. Washington, Londres et Paris, notamment, rappellent leur ambassadeur à Abuja. Le 20, l’Union européenne décrète un embargo sur les armes à destination du Nigeria.
Encyclopédie Universelle. 2012.